Des mots pour nous mentir et pour se faire élire,
En faisant jouer nos peurs et puis nos espérances,
Messieurs les politiques nous plongent dans leur délire…
On y croit, on s’enflamme, on a nos préférences,
Comme si la comédie qui sous nos yeux se joue
Résistait à l’épreuve des faits et à l’Histoire…
Avec obstination, s’écrasant sur nos joues
Soumises mais bouffies, ou maigres… les battoirs
Se succèdent et leurs coups viennent nous abrutir.
Il en faut car nos vœux, jamais près d’aboutir,
Etouffent à l’intérieur, sous les rires supérieurs…
Des messieurs bien polis, au phrasé si joli…
En parfaits gestionnaires, ils vous noient sous les chiffres,
Maquillant le réel sous les rêves des sous-fifres.
Ouvriers consciencieux du système qui nous broient,
Ce sont nos voix ineptes qui leur donnent tous les droits.
Regrettant leur présence sitôt l’élection close,
À jamais libérés de leurs belles promesses,
Sournois serpents siffleurs sachant manier les clauses,
Sans arrêt, ils nous tondent, même entre les kermesses…
Ils sont des parasites gavés de tous nos poils
Et s’ils en étouffaient, on verrait les étoiles !
Des places bien alléchantes, qui attirent les crapules
Et tous les arrivistes un peu trop beaux parleurs…
Ministres, députés, sénateurs, racoleurs,
On sait les avantages pour quoi on manipule…
Comprenez qu’un ministre a une retraite à vie !
Regardez les cocardes des voitures de fonction…
Avec quoi croyez-vous qu’on soit aussi ravi ?
Sympathiques revenus garantis sans ponction
Souvent c’est net d’impôt, comment donc hésiter ?
Il attire, le magot, et notre humanité
Est conçue pour aimer la pure vénalité…
Des pions qui obéissent aux ordres des patrons,
Et qui caressent nos poils, à nous, pauvres citrons !
Messieurs les dictateurs défilent à l’Elysée…
On leur fait la morale de manière déguisée :
Ce sont des lames en bois que l’on a aiguisées.
Rien ne viendra blesser nos hôtes divinisés !
A condition qu’ils signent quelques contrats juteux,
Salutations, sourires, les attendent à Paris…
Sorties, cérémonies, dîners-soupers coûteux,
Il n’est rien de trop beau quand on vient de Syrie,
Et de tous les endroits, où l’on torture de droit !
Des menteurs se succèdent devant les électeurs
Et ceux-là pourraient bien voter pour Alzheimer,
Manipulés à souhait par de bons séducteurs…
On leur promet la lune, et, avec bonne humeur,
Ces ballots font confiance, comme si la fois d’avant,
Résolument trompés, ils n’avaient pas juré
Avec un bel aplomb qu’après, dorénavant,
Sans eux, ces beaux messieurs iraient à la curée,
Sénateurs, conseillers, maires ou même cantonniers !
Ils n’ont pas de mémoire, faciles à pressurer,
Et leurs impôts nourrissent un vaste pigeonnier…
Donnez-moi votre voix et puis vous verrez bien !
En me faisant confiance, vous ferez le bon choix,
Montrant autour de vous que le rôle qui m’échoit
On ne saurait l’offrir aux autres comédiens…
Ces gens-là sont menteurs et vous feriez erreur,
Regrettant amèrement, votre bulletin fautif.
Alors, pourrait s’ouvrir un règne de terreur,
Sans répit, où l’argent serait le seul motif…
Sachez prendre mon nom et le glisser dans l’urne,
Il vous rapportera, ce petit geste diurne
Et vous apprécierez… ce que j’ai désiré !
Dès l’annonce du verdict, les masques tombent à terre,
Et au Fouquet’s on rit de la sottise des masses…
Monté sur le beau yacht du copain milliardaire,
On se gausse, on ricane, en buvant les grimaces
Collées sur les visages des candidats perdants.
Regardez les nigauts qui croyaient faire le poids !
A leurs mines atterrées, on voit… c’est emmerdant.
S’ils avaient su gagner, quelle horreur, oui, ça, pouah !
S’ils ont si bien échoué, c’est qu’ils étaient moins bons !
Il est doux, le scrutin, qui vous fait faire un bond,
Et qui vous catapulte au-dessus du tumulte…
Dommage que les meilleurs ne soient jamais gagnants
Et que les plus rapaces, comme des fourmis Magnan,
Montent sur le dos des autres pour s’imposer en masse…
On sait bien que le jeu intéresse les plus vils
Caressant le doux rêve du bel or qui s’amasse,
Ravivé du désir de plastronner en ville…
Avidité, orgueil, ou toujours vanité,
Sont les moteurs féroces de notre humanité,
Serpents sournois qui sifflent leurs sales sons satisfaits,
Irritants personnages, à l’esprit contrefait…
En vain, nous chercherons à fuir ces moucherons.
Des mots classieux qui glissent sur les neurones flattés,
Et de la bonne pommade pour les pelages lustrés…
Montrez vos pattes blanches, en atmosphère ouatée,
Ou vous pourriez avoir vos appétits frustrés…
Caressez bien les haines et les détestations,
Rangées en rangs furieux, car leur infestation
Aura un bel effet en manifestation,
Slogans illuminant la moindre des stations…
Si vous savez charmer les oreilles les plus sales,
Ils viendront écouter, nombreux, emplir vos salles,
Et vos meetings, mes fils, feront grand bénéfice !
Des maux, l’on se nourrit pour les plus belles promesses
Et l’on prendra leurs sous aux autres, aux étrangers,
Mille fois trop nombreux, comme mendiants à la messe.
On saura leur reprendre ce qu’ils voulaient manger,
Ce confort, leurs beaux rêves, qu’ils n’ont pas mérités,
Rien que par la naissance si noble et héritée.
Alors viendront des jours heureux sans rastakouaires,
Seulement entre nous, vrais Français, blancs de teint,
Soulagés du lourd poids de toute cette misère,
Impossible à porter, et tous ces importuns
Enfanteront plus loin au pays des babouins…
Des riches qui seraient là, pour faire rêver les jeunes,
Et les pousser à faire ce qu’il faut pour gagner,
Mais il est vain de croire qu’ils seront épargnés
Ou qu’ils seront les seuls à ne pas faire de jeûne…
C’est beau de faire accroire à tous qu’ils ont une chance :
Regardez ! Dans la cour, il y a dix pièces d’or !
Attrapez-les donc toutes et régnez sur la France,
Sachant fuir tous les gueux qui n’ont plus rien… J’adore !
Si l’on est riche, c’est bien qu’on a volé autrui…
Ironique est l’astuce qui sait calmer les truies
En les faisant loucher sur des rêves de boucher !
Des mots pour faire rêver à des futurs meilleurs
Et pourtant, point de dieux, ni d’enfer, ni de mort,
Mais il y a l’au-delà, pour les bons conseilleurs,
Oui, l’au-delà du vote, sans regret ni remord.
Ces couillons qui croient tout ce qu’on leur a promis
Retourneront chez eux, dans l’odeur de vomi…
A chaque fois, c’est pareil, et puis l’on recommence,
Souriant du mauvais tour que l’on va encore jouer.
S’ils étaient plus malins, ils pourraient nous déjouer…
Ils ont besoin d’y croire et nos besoins immenses,
En leurs votes, ils reposent, alors, prenons la pose !
Des affiches sur les murs, il en faudra beaucoup.
En effet, pour les sots, la quantité importe.
Mais c’est une très bonne chose, car l’argent qui nous porte
Ouvre devant nos pas un boulevard pour nos cous !
Ces mentons, qui sont nôtres, dressés avec fierté
Regardent vers l’avant, habiles à disserter,
Agiles à distribuer des mouvements de bouche,
Sourires, moue de mépris, rictus, rire aux éclats,
Souvent hochant la tête, quand la main serre les louches…
Il ne faut pas roter le bon Coca-Cola,
Et savoir se tenir pour bien se maintenir…
Des murs couverts d’affiches, des voyages en province,
Et des meetings bien chics, des journaux que l’on rince…
Millions d’euros passés à payer du papier…
On voit qu’il y a du beurre à cueillir dans les urnes !
Comme dans les culottes doivent s’agiter les burnes
Reniflant en tous sens, comme lapins en clapier !
Avec avidité, on s’affaire à grimper
Sur l’échelle des sondages ; il faudra rattraper
Ses concurrents plus vifs et distancer les rats…
Il en est des rongeurs devant les caméras
Et ils courent à la file, montrant leur bon profil !
Des mots, toujours des mots et des promesses aussi…
En veux-tu ? En voilà, et si elles ont grossi…
Mais c’est pour rattraper les mensonges d’à côté !
On veut vraiment y croire, parce que ne pas voter,
C’est perdre sa seule chance de pouvoir désigner
Régulièrement les chefs qui vont nous commander…
Alors, on peut vraiment se taire, se résigner,
Silencieux, opprimé, à moins de demander
Soudain à mettre bas le système en entier !
Il est bon de rêver à des matins meilleurs
Et ils sont rares, les rêves, qui provoquent des frayeurs…
Défense de nos valeurs, de nos rêves, opinions…
En gros, nous ne votons que pour notre champion,
Maudissant les vilains qui avancent d’autres pions.
On les voit, grimaçant ou se faisant mignons,
Crachant leurs sales mensonges à leurs fidèles naïfs !
Réclamons des réformes, au bout de nos canifs,
Afin d’avoir encore un peu plus à la fin !
Sur nos soifs insatiables, penchons-nous donc enfin !
Sans égard pour les gueux abonnés à la faim,
Il faudra avancer vers un beau monde nouveau,
Et votent les poulets, cochons, vaches ou veaux !
Des mensonges, j’en ai dit, et bien mieux que les autres !
En plus gros, en plus fort, car c’est du rêve qu’on vend…
Moquons-nous du réel et donnons-leur du vent !
On n’est pas éternel et tous les bons apôtres
Croquent les pissenlits par leurs racines terreuses !
Regardez-moi en face : dans mes prunelles véreuses
Appréciez les espoirs que vos cervelles peureuses
Sucent comme un bon miel. Si vos vies malheureuses
Serpentent dans la crasse des arrière-cours sordides,
Il n’en faudra pas plus et vos bulletins candides
Enrichiront ma vie, comme je vous y convie !
Du moins pire des régimes, il faudrait dire du bien,
Et finir en beauté ces pauvres poils pubiens,
Maigres vers torsadés, qui ondulent en tous sens…
On est si habitué à vivre dans la paix,
Comme la guerre est loin, aux pays de l’essence…
Remarquez, si, demain, la terreur nous frappait,
Avec sauvagerie, nous hurlerions ensemble…
Si nos satrapes sournois, sordides, comme il nous semble,
Savaient sortir des chics salons où ils plastronnent,
Ils verraient le destin de ces masses qu’ils chaperonnent,
Et ils ne seraient plus… ces hommes qui ont tant plu.