Je voudrais bien prédire que l'année 2012
Annoncera enfin un avenir radieux.
Néanmoins si j'enfonce mes deux pieds dans la bouse
Vers l'Olympe ricanant, je lèverai les yeux.
Ils me viendront aux lèvres, les mots contre les dieux,
Et je les maudirai pour mes souliers crottés,
Refusant d'assumer l'endroit où j'ai trotté.
Fâcheux hiver qui dure sans aurore boréale !
Eternuements tousseux et mouchoirs, on régale !
Vers la pharmacie verte, on court et on s'empresse…
Regardez la vitrine, dédiée aux nez qui coulent,
Il en faut du cachet pour les narines qu'on presse
Et des sirops goûteux pour larynx qui roucoulent…
Rien n'est trop coloré pour nos santés dorées !
Mais les guerres continuent un peu partout à tuer,
Alors on comprend mieux qu'un mois lui soit offert,
Résistant dieu guerrier, qui doit bien s'évertuer,
Semant toujours la mort pour remplir les enfers !
Avec le beau printemps, le retour des beaux jours,
Vers l'espoir de l'été, on s'achemine toujours.
Riez du beau soleil, gratuit et amorti…
Il faudra, si l'on peut, payer pour les sorties,
Les week-ends à la mer, d'où l'on revient amer.
Mélangez bien les vers pour occuper les mois,
Allez secouer les maux pour créer de l'émoi,
Inondé d'impudeur comme si vous étiez moi !
Je suis celui qui fait ce qu'il n'a pas voulu,
Un pauvre homme fatigué, qui a le dos moulu…
Il suit la pente herbeuse qui descend la montagne,
Nourri du fol espoir qu'il y ait une chance qu'il gagne…
Je suis celui qui perd son temps à le gagner,
Un de plus qui permet à notre économie,
Illusoire mécanique, de changer en paniers
Les humains qui consomment en toute bonhommie.
Les portefeuilles sur pattes que nous sommes devenus
Emettent en fil indienne leurs transactions menues,
Tandis qu'au bout du monde, il n'y a rien au menu…
Allez ! On arrête tout ! C'est le temps des vacances !
Oubliés, les soucis, et toutes leurs conséquences !
Une seule heure de perdue ? Tout sera facturé…
Tout va bien, il fait beau et on est assuré !
Silence ! On y retourne, en pétant la santé !
En beauté, on commence une nouvelle année.
Pourquoi pas espérer qu'on sera augmenté ?
Tout nous porte à penser que ce qu'on va glaner
Est dû, c'est bien normal, à notre implication.
Mille fois, nous avons, avec application,
Booster le chiffre d'affaire et ces bonnes actions
Recueilleraient ainsi, sans plus d'explications,
En vérité le miel de nos satisfactions.
Oubliez que je vends des grenades aux enfants.
C'est mon métier, c'est tout, et je suis bon client !
Tuer, c'est tout naturel, et mes canons pliants
Ouvrent un trou dans un char, comme du beurre que l'on fend !
Buvez à ma santé, je le mérite bien,
Ravissant les guerriers kenyans ou colombiens,
Ethiopiens ou syriens, et s'ils torturent, c'est rien !
Noués, les estomacs par le calendrier
Oublié des Mayas qui s'achève cette année !
Vous devinez sans peine que nous allons griller,
Ecrasés sous les roches d'un météore damné,
Mangés par le soleil qui va se dérouter,
Bouillonnant de folie à l'heure de nous goûter…
Rien de ce qu'on a fait ne mérite le secours
Et les démons ont hâte que nos esprits accourent !
Dans la brume de l'hiver toujours plus réchauffé,
En files s'en vont les pauvres des pays développés.
C'est juste pour manger dans un endroit chauffé,
Et puis, quelques denrées, on va leur envelopper…
Mais c'est du provisoire, qu'il faut renouveler,
Bravant le lourd mépris venant les harceler,
Reçu des bons bourgeois, qui voient s'amonceler,
En gloussant de bonheur, l'or qu'ils savent appeler…