Elle est belle, la devise de notre république,
Gravée sur les frontons des monuments publics.
Avec étonnement, j'ai lu le second mot…
La liberté, c'est bon, mais après on fait fort !
Il en faut du courage pour faire un tel effort…
Tout nous porte à penser que, riant de nos maux,
En plaisantin complet, l'Etat nous croit simplet…
En vrai, rien n'est plus faux et tout le monde le sait.
Grandissant tous les jours, les inégalités
Apportent un démenti d'une grande banalité.
Le mensonge est énorme, mais c'est un coup d'essai.
Il faudra par la suite se gausser du troisième,
Tiens, pourquoi pas l'"amour" en mairie du seizième ?
En gros sur le fronton, ce serait de bon ton…
Enormité menteuse, quand on pense héritage,
Gardons-nous de parler des bébés milliardaires,
Alors que l'on nous vante les vertus du partage.
La belle fraternité, à laquelle on adhère !
Il s'agit de penser aux hommes et aux procès :
Tous les hommes sont égaux devant les tribunaux
Et plus cher l'avocat, meilleurs les pigeonneaux !
Elevez vos enfants pour qu'ils soient les meilleurs,
Gavez-les de conseils qu'ils n'auront pas ailleurs,
Amenez leurs esprits plus haut que tous les autres…
La joie des bons parents n'est pas quand ils se vautrent.
Il nous réjouit de voir qu'ils sont plus forts qu'autrui,
Tous nos bons descendants qui sont de nous le fruit,
Et les autres humains, ils peuvent aller aux truies !
Encore un coup en bourse et un milliard de thunes
Gagnées à la bonne sueur des gens des plantations…
Avec obstination, je suis les cotations,
Lisant les bons journaux qui mènent à la fortune.
Il faut être rapace pour amasser beaucoup,
Tant pis pour les petits qui en paieront le coût,
Et même s'il faut parfois leur tordre un peu le cou…
En dormant, j'ai rêvé qu'on me prenait mon bien !
Gardé par la police, on donnait ma voiture
A un pauvre en haillons sans toit ni nourriture…
Le gaillard était gai, et je comprends combien !
Il aurait dû verser au moins cent mille euros,
Tandis qu'il n'avait qu'à signer un bordereau !
Exit le mauvais rêve et en vrai, le gars crève…
Epargnez-nous l'humour qu'il faut pour déguiser
Grandement le réel sous des airs de partage.
Alors que les couteaux vont partout s'aiguiser,
Les lois nous font accroire que dans tous les étages,
Il y a des hommes pareils, et pour tout dire "égaux"…
Tromperie exemplaire, qui peut flatter l'égo,
Et soyez rassurés, l'idée est raturée !
Elle pue l'antique astuce, qui fait rêver Auguste,
Grand nigaud qui croit tout ce qu'on veut qu'il déguste…
Avalant l'idée folle qu'il vaut autant qu'un autre,
Le bêta s'imagine que sa vie et la nôtre
Iront du même pas vers un destin flatteur !
Ton réveil se fera assez dévastateur
En te voyant l'esclave d'un joyeux dictateur…
Elles s'héritent, la misère, et aussi l'ignorance…
Gorgés de niaiseries, chantées du haut des chaires,
Au long des siècles tristes, on cultive la vie chère,
Le droit de puer sur soi, de manger du pain rance…
Inviter les cafards sous son toit pour l'hiver,
Tousser quand il fait froid, et pour les sports divers,
Etouffer dans les mines ou sauter sur des mines…
Elégamment gantés dans du cuir raffiné,
Gens de vrai qualité, qui savent les cotations,
Avez-vous tous les droits car vous êtes bien nés ?
La question méritait une investigation.
Il apparaît bientôt que l'argent donne le droit
Tant son rôle est puissant et tant pis si l'on broie
En passant les petits, les plus assujetis…
Et pourquoi partager les richesses de la terre ?
Gens de peu ou lettrés, il y a des différences :
Alors qu'il y a des hommes dont la sottise atterre,
Les gens de qualité mérite la déférence.
Il faut pour leurs enfants avoir bien des égards
Tant ils sont le futur, à moins qu'on ne s'égare,
Et laissons les prolos, couler au fil de l'eau…
Et en bonus :
Egalite, c'est un mot qui évoque mégalithe,
Gentil sous tous rapports quand les cerveaux s'alitent.
Avalez-le tout rond, avec un grand verre d'eau !
Laissez donc un ami vous tapoter le dos…
Il ne faut pas tousser, même pas un seul coup,
Tant il part en morceaux, sitôt qu'on le secoue,
Et s'il doit faire effet, le principal est fait…