Il est le seul garant de nos doux avenirs,
Non seulement il pense, mais il est la mémoire,
Ce gardien des trésors que sont nos souvenirs.
On lui prête volontiers un certain rôle d'armoire,
Nécessaire pour stocker sans gêner la conscience.
Sachez qu'il est bien plus qu'un vaste répertoire :
C'est bien lui, l'origine de nos plus grandes sciences !
Il est le bon serveur, qui prend sous le comptoir
Et qui verse au client de quoi le rendre heureux…
Nous disposons en lui d'un ami rigoureux
Tenu de nous servir… mais de nous asservir ?
Il fait tout et l'on croit qu'il n'est qu'un assistant.
Nourrissant nos mensonges d'un pouvoir absolu,
C'est le seul artisan de nos mœurs dissolues,
Ouvrier, professeur, il est seul existant !
Nul pouvoir dans les autres qui sont des figurants :
Sur-Moi, Sous-Moi, conscience, simples nains murmurants,
C'est l'Inconscient le Maître de nos moindres pensées.
Il est le seul coupable de nos actes insensés
Et l'auteur principal de nos plus grands exploits.
Nous ne sommes que lui-même et c'est nous qu'il emploie
Transformant nos esprits en coquilles hors de prix…
Il enregistre tout et prend soin de noter
Nos moindres souvenirs et son appréciation.
Chaque action est pesée, son résultat coté
Obtient une valeur et sa validation
Ne sera renforcée qu'après confirmation.
Si l'avenir infirme cette première notation,
Cette action subira une relégation.
Il s'applique la même chose à nos chères perceptions :
Entreposées au frais, après leur réception,
Nous les notons "plus-plus", moyen ou négation,
Toujours bien vigilants, à travers nos bilans…
Il teste en permanence les projets à venir,
Nourri de son passé pour tracer l'avenir.
C'est la conscience qui sert à mesurer les points,
Ouvrière sans cervelle et simple écran-témoin !
Ne croyez pas qu'elle sait ce qu'elle fait ni qu'elle joue !
Statique verre mesureur, bête comme un bijou,
C'est un bel instrument, mais elle subit le jeu.
Il vient de l'Inconscient, notre comportement,
Entièrement construit, même nos emportements
Ne doivent rien au conscient, si loin des vrais enjeux…
Tout est donc illusion, et l'esprit …confusion.
Il est dur de penser la conscience comme une vitre.
Nous voyons au travers, mais elle n'est qu'un arbitre.
C'est à travers son œil que nous goûtons le mal
Ou le bien, c'est selon, car plaisir ou douleur
Nous apprennent à trier nos instants en couleurs…
Si la sensation rouge est plaisir animal,
Comment ne pas chercher à la revivre encore ?
Il est d'autres plaisirs des plus intellectuels,
Et parfois, bien plus forts, pour battre des records…
Néanmoins, qui peut bien faire le calcul ponctuel ?
Tout est dans l'Inconscient, l'art des coefficients !
Il sait tout et fait tout, alors que la Conscience
Ne sait rien faire du tout, comme un chien de faïence.
Cependant, c'est par elle qu'il éprouve le plaisir
Ou la satisfaction, et quand il faut saisir
Notes d'appréciation, c'est grâce à son appoint,
Statique évidemment, qu'il peut compter les points…
Comme il suggère un acte, la Conscience sert d'écran :
Il peut y réagir comme s'il voyait en grand
Et compléter son jeu, l'améliorant d'un cran.
Notre conscience sert bien à fuir faux pas flagrants,
Tous les passages à l'acte un peu trop inexacts…
Il s'agit donc d'un filtre, en entrée, en sortie.
Nous l'appelons Conscience. Elle est bien assortie :
C'est certain que, sans elle, l'Inconscient n'a plus d'yeux.
On n'en déduit pas moins qu'en l'esprit, c'est lui Dieu !
Nous sommes des mécanismes qui fonctionnent dans l'ombre,
Sous le manteau secret des neurones les plus sombres.
Confondant la partie émergée de l'épave…
Il nous plaît de penser à notre liberté !
Elle n'est qu'une illusion, flanquée de mille entraves.
Nous ignorons les fils qui vont nous escorter,
Tirant sur nos fausses notes à longueur de portée…
Il n'est rien de plus vide que notre liberté.
Nous ne faisons rien d'autre que nous mettre à tomber,
Cailloux jetés du ciel, mais au torse bombé !
On se croit immortel avant que de heurter
Notre mère la Terre au moment de crever…
Si nous étions meilleurs, l'on pourrait en pleurer.
Cependant nos actions, toujours à nous leurrer,
Indiquent avec éclat nos corps inachevés…
En machines animales, toujours nous comporter,
Nous n'avons pas le choix des vies à colporter,
Tant nos plaisirs nous viennent de nos aïeules les hyènes !
Il est libre de faire tout ce qu'il a appris.
Nourri d'autres cuisines, nul ne sera surpris
Comme il sera restreint à ce qu'il a compris
Ou limité aux goûts dont il connaît le prix.
Nous saurons l'arroser de nos profonds mépris
Si, des valeurs suprêmes dont nous sommes tant épris,
Ce benêt trop s'éloigne, en vilain malappris.
Il fait donc ce qu'il peut, c'est toujours ça de pris,
Et s'il croit être libre, c'est parce qu'il s'est mépris,
Nourri de racontars, ou de fieffées tromperies,
Tartinés dès l'enfance, dans nos pauvres esprits !
Il est fou, il le sait, mais il n'a pas le choix.
Non seulement ça vient, mais encore, et toujours,
C'est la ronde des mots, grouillant comme des anchois.
On n'en vient pas à bout en baissant l'abat-jour.
Ni les électro-chocs, ni les médicaments,
Seringues ou comprimés n'y pourront rien changer !
C'est le fond du cerveau, qui fuit complaisamment,
Irradiant ses produits, tant pis pour le danger !
Elle est bonne la folie, dans un cerveau maniaque,
Nourrie des notations de mémoire démoniaque,
Truffée des rouges désirs de fabuleux plaisirs…
Il ne comprend jamais car la compréhension
N'est pas dans sa nature. Tout est automatique.
C'est l'ensemble des joueurs et leur intervention
Obligeante qui provoque "l'esprit" fantomatique.
Nous ne comprenons rien mais le plaisir d'y croire
Sait nous plaire en dedans et l'Inconscient assume :
Capable de fournir de quoi nous faire valoir,
Il tire à flux tendu des mots sur le bitume
Et s'ils sont adaptés, nous en sortons flattés.
Non, je vois bien mes vers couler de sous mes doigts,
Tordus par mon esprit, idiot, comme il se doit…
Il m'appartient de dire que mes mots sont d'un autre,
Né en même temps que moi, caché à l'intérieur.
C'est gentil de savoir que mon crâne est le nôtre
Ou qu'il est partagé aux niveaux inférieurs…
Nous sommes colocataires, mais JE n'existe pas,
Simple fiction verbale, jeu de mots bien sympa…
Cependant, c'est un leurre, dangereux, illusoire.
Inoculé enfant dans nos esprits passoires,
En habitué cynique, il occupe le terrain.
Nuageux volatile dans une armure d'airain,
Tout le monde imagine qu'il est là d'origine !
Ils coulent du robinet de mes doigts affutés,
Nobles vers argentés ou bien propos futés…
C'est un don, direz-vous, même si j'ai travaillé,
Ou plutôt, c'est l'affaire du cerveau écaillé,
Naïf et reptilien, caché au plus profond.
Secret, il exécute, collé à mon plafond,
Ces actes merveilleux qu'on croit être les miens…
Il me donne des paroles, qu'il me fait prononcer,
Envoie des ordres aux doigts pour qu'ils aillent enfoncer
Naturellement les touches dans l'ordre qui convient,
Tout cela sans omettre le plaisir à émettre…
Il offre du plaisir à chaque suggestion.
Noté dans la mémoire, la régurgitation
Communique la valeur de l'espoir attaché.
On se régale d'avance au plaisir ensaché !
Nous confrontons nos actes à la réalité,
Soumettant nos bilans à vérification,
Ce qui assure ainsi un contrôle-qualité…
Il affine les valeurs de sa fabrication,
Envoie à la Conscience du plaisir intérieur,
Nettoyant les erreurs de ses notes antérieures
Toujours dans l'unique but d'un bonheur ultérieur…
Il est le grand gardien du bonheur de notre âme,
Notre ange-garde du corps, décrit dans les programmes,
Ces poussiéreux bréviaires, dont on m'a bien saoulé…
On se réveille un jour, les sottises refoulées,
Nu devant l'éternel désir d'être plus grand,
Sempiternel travers de l'humain, c'est flagrant !
Courant contre la peine, la douleur et la peur,
Il vit pour le plaisir, l'espoir, à toute vapeur
Et nos choix les plus fins se résument à ceci :
Nous fuyons le bâton pour courir la carotte ;
Toute la vie on trotte, jusqu'au dernier souci…
Il est mieux expliqué dans mes écrits en prose.
Nul doute que ces bons vers, qu'ici je vous propose,
Contiennent beaucoup de pistes, qu'il faudrait explorer.
On peut sur mon site web aller plus qu'effleurer
Notation et Conscience, plaisir et Inconscient,
Si le sujet a l'heur de vous intéresser…
Cela fait des années que mes neurones patients
Imbibaient le papier de l'encre bien dressée
Et les cerveaux curieux qui ont voulu me lire
N'avaient pas le passé nécessaire pour s'emplir…
Tudieu ! C'est donc tout neuf… Qui viendra casser l'œuf ?