Elle est belle, la machine, qui fixe les salaires…
C'est selon les pays, pas selon les métiers.
Où nousnaissons importe, pour les grands argentiers.
Nos frontières sont ouvertes, partout le même sale air,
Oui, pour les capitaux, les produits, les denrées,
Mais pour les salariés, la sortie est barrée.
Ils ont moins de besoins, pourquoi les payer plus ?
En "pays émergé", la vie est un malus…
Sur le dos des humains, l'argent est un virus.
Entendez-vous les cris des gens que l'on exploite ?
C'est parce qu'ils sont trop loin, en "pays émergés"…
On y va en vacances, mais qu'ils gardent leurs blattes !
Nous, on veut du confort, et surtout bien manger…
On se fiche de savoir combien ils sont payés,
Mais regardez un peu ce verre qui est rayé !
Ils savent se contenter du peu que l'on leur laisse
Et c'est si distrayant de tirer sur leur laisse !
Sans risquer de morsure : leurs dents ont des faiblesses…
Enfants, ils vont fouiller parmi les détritus.
C'est pour gagner trois sous, de quoi faire un repas.
On ne les instruit point. L'école, il n'y en a pas…
Non pas qu'ils s'ennuieraient s'ils apprenaient le russe
Ou les mathématiques, mais ce n'est pas utile.
Marchant pieds nus, fouillant dans nos déchets futiles,
Ils trient, découpent, cisaillent nos gadgets obsolètes,
Et s'ils font trop de bruit, tournez donc la molette !
Si ! L'oubli va si bien à ces vivants squelettes…
Epargnez-nous les mots sur l'argent mal placé…
C'est un peu indécent et vraiment déplacé
Ou vous ne pensez pas aux victimes outragées,
Nos pauvres actionnaires, souvent gens très âgés…
On a perdu des plumes dans les fluctuations,
Misant sur nos conseils parfois mal avisés…
Ils ont perdu un peu de leur exaltation,
Et s'il en reste à prendre, il faudra bien viser,
Si l'on veut dépouiller ces portefeuilles rouillés.
Encore et toujours plus, on veut en amasser !
C'est la loi du plus riche et c'est un jeu racé
Où l'on cherche toujours le maillon à casser,
Nous libérant la chaîne qui sert à entasser,
Ouvrant les vannes à l'or, dont nul ne s'est lassé,
Maltraitant au passage les humains effacés,
Inutiles picaillons, dont les vies encrassées
Encombrent le système, leurs besoins effacées,
Sans trouver le courage de nous hurler "Assez !"…
Eh bien, il faut chercher de quoi vous vous privez !
C'est un effort à faire. Cela doit arriver.
On ne peut pas toujours être à vous assister…
Nous pensons qu'il faut bien près de vous insister,
Ou pour l'éternité, vous serez endetté(e).
Mettez-y donc du vôtre, dans cette adversité !
Il ne manque pas de gens comme vous dans la cité…
Et, oui, ils se débrouillent pour joindre les deux bouts…
Si vous n'êtes pas manchot, vous resterez debout !
Elle est belle, la planète, et bien mondialisée !
Ce sont les riches en l'air, dans le haut des gratte-ciels.
On trouve les pauvres en bas, haillons banalisés,
Nourrissant de beaux rêves en regardant le ciel,
Oubliant le sol dur, où ils traînent leurs pieds,
Maudissant à voix basse les riches qu'ils vont épier…
Il faut bien que l'on vole l'argent pour le gagner
Et c'est la corruption qui remplit nos paniers,
Si bien qu'ils sont trop lourds et ardus à manier…
En vain, j'ai récité mes vers alambiqués…
Combien d'oreilles outrées se sont crues attaquées ?
On ne m'a pas laissé le temps de m'expliquer :
Non ce n'est pas plaisant de devoir vous saquer !
On n'y met nul plaisir, mais vous le méritez…
Maltraitant nos oreilles de vos mots irrités,
Il en faut du courage pour vous ouïr jusqu'au bout,
Et nous n'en avons point, car, pour vous, l'eau qui bout
Sait encore déborder, et, des gouttes, vous mordez !
En rangs bien trop serrés, vous allez obéir,
Ce n'est pas une question qu'il faudra discuter.
Ou bien vous vous pliez au jeu à disputer,
Noblement incliné, vous laissant envahir,
Ou bien les terres humaines, les recoins reculés,
Maculés de ses marques, l'ozone et les coraux
Inondés de sa boue, les peuples acculés
Englués de son fiel, les esprits doctoraux
Sauront montrer aux dieux votre visage odieux…
Es-tu sûr de vouloir aller où ça nous mène ?
C'est folie de faire jouer la mondialisation
Oubliant d'y inclure la liberté humaine.
Non, il n'y a que les biens dans la circulation.
On garde les humains prisonniers des frontières,
Menottés à leurs bancs durant leur vie entière.
Ils sont payés un rien pour des jeans exportés,
Et ils n'auront jamais l'argent pour en porter.
Sur l'humain qui acquiesce, l'argent s'essuie les pièces…
En leur vendant des armes, on gagne de l'argent.
Comme on aurait du mal avec d'autres machines !
On ne discute pas bien le prix pour tuer les gens,
Non, les marchands se pressent d'Europe ou bien de Chine…
On brade à tour de bras la vie des innocents,
Mais c'est toujours les pauvres qui paieront de leur sang.
Il faut des mitraillettes pour fouler la moquette
Et des grenades à main, des chars, les lance-roquettes…
Semons partout les champs de mines qui déchiquettent !